Entretien avec Nordine Haddad, traducteur littéraire, par Dominique Bouchard du webzine «Unwalkers »

« Des chroniques noires sans langue de bois », mais avec un « parti pris revendiqué »: telle est la ligne éditoriale de ce webzine pas comme les autres qu’est Unwalkers, dont Dominique Bouchard, alias « Holden », est l’une des chevilles ouvrières. C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai répondu à ses questions.

Unwalkers

Dominique Bouchard : Le classique pour commencer : je vous laisse vous présenter. Ensuite, si vous pouviez nous éclairer sur le chemin qui mène à la traduction…

Très bien, alors commençons par la traditionnelle fiche signalétique : je suis né à Paris en 1966. Je suis marié et père de deux enfants, passionné de littérature (mais pas seulement !) et je vis depuis quelques années en Seine-et-Marne. Oh, et j’ai traduit (ou écrit) à ce jour plus de quatre-vingt livres…

powys millerLa traduction, j’y suis venu un peu par hasard il y a vingt-cinq ans, grâce à l’amitié bienveillante d’un directeur littéraire devenu éditeur, Pierre-Guillaume de Roux, qui dirigeait alors les éditions Criterion. Un type élégant, dans tous les sens du terme, pour qui j’ai toujours eu le plus profond respect, et encore aujourd’hui, bien que je ne me sente absolument pas en phase avec son travail éditorial actuel. Mais nous étions alors au tout début des années quatre-vingt-dix. Je sortais de fac de lettres. J’étais tout jeune. J’avais écrit la première partie d’une biographie consacrée à l’écrivain gallois John  Cowper Powys. Pierre-Guillaume l’a lue et a bien voulu me recevoir pour en parler. Il a tout de suite senti chez moi, je pense, à défaut d’une certaine maturité encore dans l’écriture, une énergie, qu’il a su canaliser en me lançant une sorte de défi : retrouver des lettres inédites d’Henry Miller à John  Cowper Powys pour les croiser avec celle du Gallois, et composer un recueil inédit. J’ai fini par dénicher au Pays de Galles 44 lettres d’Henry Miller totalement oubliées, que j’ai traduites, et on a publié Correspondance privée Henry Miller-J.C. Powys (qui, c’est drôle, sort justement ces jours-ci, soit un quart de siècle après, en Angleterre sous le titre Proteus and the Magician.) Tout est parti de là…

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